vendredi 5 décembre 2014

Servir frais, chronique du millénaire













2 février 2000
La journée à l’envers
Par Lady Chesterfield

La journée avait commencé vite. Boum! Le jour était là, ronflant dans la fenêtre. Il était sans doute déjà sept heures du matin, le gris opalescent remplissait les carreaux. D’un œil, je voyais avec satisfaction qu’il n’y avait pas de givre. «Tant mieux, tant mieux, il ne fera pas trop froid.»

Et je me retournai sur le côté, cherchant un peu de chaleur entre les couvertes.

Je rêvais.

Je rêvais que j’étais allongée avec toi.

C’est embêtant les rêves. Ça n’allait pas durer, ce n’était qu’un rêve matinal que le chat allait sans doute interrompre d’ici quelques minutes. Les chats demandent toujours la porte dès que le jour se lève. J’étais allongée à tes côtés. Nous étions nus. Le lit était dans un salon en ville, dans un appartement. C’était en plein jour. Et chaque fois que la brûlure de nos chairs me pinçait, et que pour y mettre un terme il fallait s’enlacer, quelqu'un ou plusieurs personnes entraient, nous saluaient, interrompant nos tentatives de se trouver amplement.

Et cela durait toute la journée.

Pendant tout ce temps, dans la fenêtre du salon, un escargot avançait en mangeant la fenêtre goulûment.

Enfin le téléphone sonna.

C’était toi.


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